d’Alessandro BARRICO
La Jeune Épouse est le onzième roman d’Alessandro BARICCO, écrit en 2016.
L’HISTOIRE :
Elle se situe en Italie au début du XXème siècle.
La Famille est composée, de la Mère très belle et au propos parfois « sibyllins », du Père atteint d’une « inexactitude du cœur » et dont la mission est de « remettre de l’ordre dans le monde », de la Fille qui a hérité de la beauté de sa mère mais qui, à la suite d’un accident dans son enfance, est handicapée, de l’Oncle narcoleptique mais qui sort toujours très à propos de son sommeil et, bien entendu, du Fils.
Il y a également le majordome, Modesto qui se fait comprendre par une panoplie de quintes de toux différentes.
Dans cette Famille il y a essentiellement quatre règles à respecter :
– On craint la nuit car c’est la nuit que l’on meure, et l’on prend le petit-déjeuner en pyjama jusqu’à 15 heures en compagnie des notables de la région,
– L’infélicité n’est pas la bienvenue parce qu’elle vole du temps à la joie et que c’est dans la joie qu’on forge la prospérité,
– Les livres sont interdits car la vie est largement suffisante, nul besoin de l’imaginaire
– Il faut ménager le cœur du Père.
C’est au cours d’un petit-déjeuner que la Jeune Épouse fait un jour son apparition à la porte de la maison de la Famille.
Elle a 18 ans et arrive d’Argentine pour épouser le Fils comme cela a été convenu quelques années auparavant.
Mais le Fils est en Angleterre et personne ne connait la date de son retour. Les seules nouvelles que l’on reçoit de lui sont un message quotidien indiquant immuablement « Tout va bien » et des objets très hétéroclites qui semblent annoncer son retour (un piano, deux moutons…).
La Famille accueille donc la Jeune Épouse et décide de faire son éducation et en particulier son initiation sexuelle : la Fille la séduit et commence son éducation qui est complétée par la Mère. Grâce à ces deux femmes, la Jeune Épouse découvre sa féminité.
Le Père l’emmène ensuite dans un « bordel de luxe » où il lui dévoile les secrets de la Famille. Il en profite pour lui apprendre que le Fils a disparu et que personne ne sait s’il reviendra.
Mais cela ne décourage pas la Jeune Épouse qui reste persuadée que le Fils reviendra prochainement.
Lorsque la Famille part en villégiature comme chaque année, la Jeune Épouse décide donc de rester seule dans la maison pour attendre le Fils.
Cette attente sera très révélatrice….
En parallèle à ce récit, l’auteur se livre à de longues digressions et réflexions sur le métier d’écrivain.
FORME DU LIVRE :
Il n’y a pas de chapitres.
Les personnages, en dehors de Modesto, ne porte pas de nom mais sont appelés par leur fonction dans la Famille.
L’auteur emploie la narration d’énallage, c’est-à-dire qu’il passe fréquemment tout à coup de la troisième personne du singulier à la première personne.
Il est parfois difficile de savoir si un personnage s’exprime ou s’il s’agit d’une réflexion de l’auteur.
POURQUOI J’AI AIMÉ CE LIVRE :
Tout d’abord pour son atmosphère étrange et envoûtante, voire parfois à la limite du conte fantastique.
Tout se passe totalement en dehors du temps.
Cette Famille loufoque est attachante si l’on arrive à se détacher de notre monde pour entrer dans le sien.
Et l’évolution de la Jeuné Épouse, qui semble totalement naïve à son arrivée, ne peut pas laisser indifférent et reste même gravée dans la mémoire.
Ghislaine DELAPIERRE