d’Alessandro BARRICO

Dans Mr Gwynn, il est question d’un livre écrit par un Anglo-Indien, Akash Narayan, intitulé Trois fois dès l’aube. Alessandro Baricco a décidé d’écrire ce roman.
Dédicace plutôt énigmatique : à Catherine de Médicis (?) et au génie de Camden Town (Charles Dickens ?)
Trois parties composent ce court roman, on pourrait dire qu’il s’agit de trois nouvelles mais qui ne sont pas indépendantes : dans les trois, il y a 2 personnages, un homme et une femme, qui à un moment ou un autre se trouvent dans un hôtel.
La première est un modèle de nouvelle : 30 pages, unité de lieu et de temps (hall d’un hôtel, fin de nuit). Deux personnages, une chute brutale et inattendue. Un homme est assis dans le hall d’un hôtel, bientôt rejoint par une femme qui vient de passer une nuit agitée. Le dialogue s’engage, sec, sans ponctuation. La femme évoque un homme qu’elle aime follement mais qu’elle voit peu, ainsi qu’un enfant qu’elle aurait eu très jeune, puis abandonné. L’homme parle du moment où sa vie s’est brisée quand il a perdu ses parents dans l’incendie de sa maison.
Dans la deuxième histoire, on est dans un hall d’hôtel (le même ?) et l’histoire se passe entre le portier de nuit et une très jeune fille qui est arrivée avec un garçon. Elle redescend pour chercher des serviettes et engage la conversation avec le portier. Certains indices nous font penser que le portier pourrait être l’homme de la première histoire mais quelques années plus tard. La jeune fille lui révèle qu’elle est enceinte, en réalité elle a peur du garçon avec qui elle est arrivée, le portier l’aide à fuir.
Dans la troisième histoire, une femme policier a accompagné un jeune garçon, dont les parents sont morts dans l’incendie de leur maison, dans un hôtel pour le mettre en sécurité, puis elle décide de l’emmener chez un homme pour le lui confier, cet homme est manifestement le grand amour de sa vie. On est ramené à la première histoire, on y revient pour essayer de comprendre, mais il n’est pas possible de remettre les choses dans l’ordre chronologique. Quand on croit avoir compris quelque chose de logique, le reste ne correspond pas, c’est très déstabilisant.
Manifestement l’auteur s’est amusé à brouiller les cartes dans ce petit roman sans prétention, mais plutôt virtuose dans sa construction.
Françoise PASCO